Sunday, August 13, 2006

[l'économie] le japon accuse un coup de fatigue

Priorité au redressement encore fragile de l'économie nippone. Sans surprise, la Banque du Japon (BoJ) a décidé hier de laisser inchangé son principal taux directeur, le taux de l'argent au jour le jour. Ce statu quo monétaire était attendu, la hausse des prix à la consommation restant très modérée au Japon (+0,6 % en juin).

Lors de sa précédente réunion, le 14 juillet, le comité de la BoJ avait fixé le loyer de l'argent à 0,25 %, mettant fin à plus de cinq ans de politique de taux zéro, destinée à combattre la déflation qui rongeait l'économie nippone depuis 1998.

L'annonce de la BoJ est intervenue simultanément avec la publication de la croissance nippone au second trimestre qui a confirmé un net ralentissement de la deuxième économie mondiale. Le produit intérieur brut (PIB) a ainsi augmenté de seulement 0,2 % après une hausse de 0,8 % au premier trimestre.

Les économistes prédisaient en moyenne le double. Raison de ce coup de fatigue : l'essoufflement du commerce extérieur qui a eu un impact négatif de 0,1 % sur la croissance. « Les exportations ont ralenti en raison de la faible demande d'équipements de fabrication de semi-conducteurs en Asie et d'une baisse des exportations automobiles » vers l'Amérique du Nord, a expliqué l'économiste gouvernemental Masayuki Gotoh.

Les États-Unis sont le deuxième partenaire commercial du Japon derrière la Chine.

Propos sibyllins du gouverneur de la BoJLe tableau n'est toutefois pas totalement noir. La hausse du deuxième trimestre fait suite à cinq trimestres consécutifs d'expansion. La demande intérieure s'avère robuste, avec notamment une légère accélération de la consommation des ménages (+0,5 % après + 0,2 % au premier trimestre), et surtout un très net dynamisme des investissements en capital (+3,8 % après + 3,3 %).

« La force de la demande privée a été la principale surprise », a commenté Hiromichi Shirakawa, économiste au Credit Suisse. Les projets d'investissement des entreprises et la forte reprise du marché immobilier l'incitent même à prédire une croissance soutenue au cours des six mois à venir.

Fin juillet, le Fonds monétaire international (FMI) avait pronostiqué un taux de croissance en 2006 à 2,9 % (contre + 2,8 % en 2005).

Les économistes tentent désormais de décortiquer les propos, pour le moins sibyllins, du gouverneur de la BoJ, Toshihiko Fukui. « Je ne peux pas écarter la possibilité d'augmenter à nouveau le taux directeur cette année. Mais, en même temps, je n'ai pas l'intention de suggérer un nouveau relèvement », a-t-il déclaré.

Une certitude: toute nouvelle hausse viendra compliquer la tâche au gouvernement japonais, qui consacre déjà un quart du budget de l'État au paiement des intérêts de son énorme dette publique, qui dépasse 170 % du PIB du pays.

du Figaro